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Biographie

Pierre Hémery naît en avril 1935, à Argenton‐sur‐Creuse. Lieu privilégié de l’enfance, la forge familiale est un fascinant espace de feu, de forces, déterminant pour l’avenir.

1964, découverte à la Biennale de Venise de la peinture américaine avec Rauschenberg.

En 2000, l’artiste choisit de regrouper ses travaux sous trois axes thématiques :

  • Paysage géophysique : Tsunami (2006), Hurricane (2006)…
  • Figures rituelles : Hiérophantes
  • Architectures : Basilica (2004), Sakkara (2008)…

Expositions

2011 – Biennale des 109. Prix de sculpture ‐ Fonderie Rosini
2010 – Saint‐Marcel, Musée archéologique d’Argentomagus – Des Temples et des Dieux. Rétrospective, 33 sculptures
2009 – Yerres, IIe Biennale de sculpture
1999 – Saint‐Gaultier, hommage à Jean Moulin et à la Résistance – Sculpture en aciers inox et corten
1990 – Châteauroux, Couvent des Cordeliers – La catastrophe du Paris-Port-Bou. Peintures, installations, dessins. Exposition sur l’accident ferroviaire survenu en 1985 à Argenton-sur-Creuse
1987 – Bourges, Maison de la Culture, sculptures et dessins – Hiérophantes. Série de statues réduites au signe. Œuvres construites à caractère minimaliste. Pour réenchanter la géométrie
1981 – Padoue, XIIIe Biennale internationale du Petit Bronze
1977 – Ravenne, IIIe Biennale Dantesque
1975 – Abbayes normandes, Sculpture spirituelle
1973 – Milan, Legnano ‐ Fondation Pagani. Sculpture internationale
1970 – Paris, Salon de la jeune sculpture. Participation avec une Sculpture chaîne
1968 – Paris, galerie de l’Université – Sculptures par explosion. Expérimentée dès 1963, la sculpture à l’explosif est une parenthèse pour se départir d’un avant-gardisme redoublé
1963 – Venise, galerie Il Torchio, sérigraphies

Expositions de groupe à Autun, Brest, Évreux, Le Mans‐Allones, Orléans, Paris (Salon Réalités Nouvelles, Biennale 109)

Œuvres permanentes

  • Alphir, 1996. Sculpture en acier inox signalant le centre‐ville au rond‐point du Bombardon à Châteauroux
  • Mémorial, 1988, sur les lieux de la catastrophe du Paris-Port-Bou à Argenton-sur-Creuse
  • Kha, 1985. Sculpture en acier inox au Lycée Vauvert de Bourges
  • Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
  • Musée d’Art Contemporain de Dunkerque
  • Musée Bertrand de Châteauroux
  • Musée d’Art et d’Histoire de Meudon
  • Musée de Tessé du Mans

Du fond des arts premiers, une logique initiale

1986. Charles Morazé publie Les origines sacrées des sciences modernes. Dans cette somme monumentale, fruit de quarante années de recherches collégiales, l’historien rapproche entre autre et de manière quasi surréaliste, des sujets d’étude apparemment aussi distants que la construction de l’œil d’Horus, le mécanisme du Yi King, la cosmologie platonicienne ou encore les coordonnées cartésiennes. Il nous révèle ainsi, par un jeu de triangles et de tétraèdres, ce qui pourrait être le code mental, la structure originelle, le substrat-même de la pensée humaine.

En écho, cette quête renvoie aux Arts Premiers et autres singuliers. Au musée, ces œuvres sont déconnectées de leur fonction – « un masque est fait pour être dansé » – elles meurent à leur sens, séparées du milieu qui les a conçues et fait vivre. Même si on a pu dire que les sculpteurs animistes avaient perdu le pourquoi des choses par l’altération d’antiques savoirs légués oralement – « la sorcellerie est le cadavre de pratiques religieuses anciennes » – il n’en demeure pas moins que les Arts Premiers gardent une forte attractivité et une étrange charge émotionnelle. Nous sentons directement la cohésion des formes, des couleurs, des signes dans un ensemble qui paraît achevé. Ici, l’authenticité est la valeur de l’esthétique.

Cette fascination incite une fois de plus le chercheur à sonder les temps immémoriaux, là où l’Homme opère avec une grande économie de moyens et probablement avec une pensée semblable à la nôtre.

Dans cette fouille, l’archéologie de la géométrie apparaît comme une voie féconde et captivante. À l’aube de l’Humanité, il est possible d’imaginer que partout où il est, l’Homme reconnaît la circularité de son horizon. Pour lui, champ d’expérience et théâtre des phénomènes énergétiques, le monde en continuel mouvement a toujours la forme d’un cercle. Il n’est pas invraisemblable qu’il soit capable de le tracer sur le sol autour d’un point central le représentant en personne. Par raisonnement, il symbolise sa situation avec une figure correspondant à la réalité distinguant le moi du non-moi, unissant ainsi géométrie et philosophie.

Parmi les spectacles de la nature qu’il essaie de saisir, il en est un que notre lointain ancêtre discerne avant tout : c’est le soleil. Merveilleux et aveuglant, dispensateur d’énergie bienfaisante ou néfaste, il est dieu primordial visible mais intangible. Le disque solaire s’offre en surface parfaite, immense espace sur lequel l’imaginable se projette, élabore, concrétise.

Le cercle recèle en puissance la géométrie. Déjà la préhistoire expose des dessins abstraits associés aux images figuratives. Entre les différents schémas, graphiques, diagrammes pour représenter la pensée, le cercle n’est-il pas la figure privilégiée pour classer, organiser, harmoniser des éléments de langage, des concepts, des objets d’analyse ? Un outil rationnel fonctionnant rondement et non vicieusement en rond. Le cercle par ses carrés, ses triangles, ses polygones étoilés, inscrits et signifiés, enchantant la géométrie.

Depuis la nuit des temps, au creux d’un profond sillon, une tradition de l’esprit de raison est jalonnée par des penseurs éclairés.

Parménide séparant la vérité de « l’opinion des mortels » conseille d’apprendre « le cœur exempt de tremblement propre à la vérité bellement circulaire ».

Enfin, quelques repères. Platon : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Raymond Lulle étoilant des machines à penser. Johannes Trithemius avec ses volvelles. Dante illustré par Botticelli. Le cercle des couleurs de Goethe… Jusqu’à Cézanne, lecteur de Lucrèce, qui n’a jamais parlé de cubes, mais de volumes ronds, Cézanne aux modulations colorées raisonnées « comme des déclinaisons latines ».